Publié le 6/08/2019

Cerf, Chevreuil, Brocard...

Des animaux "totem"

Un chevreuil, ici un brocard... Un des nombreux habitants du vignoble par Pierrick Berton
Une photographie faite dans le Brand, pour capturer un instant magique. C'était samedi 03 aout 2019, et il était  06h15 du matin.

Mi-bête, mi-forêt, selon Ronsard, le cerf fascine et impose le respect aujourd’hui encore à nos contemporains. Le cerf reste cet animal totem si magique et mystique. Il incarne et symbolise la régénération de la vie. Ses cornes ont la particularité de pouvoir repousser une fois qu'elles sont tombées.

En raison de ce fait, le cerf est vénéré dans de nombreuses traditions comme un symbole de régénération et du pouvoir mystérieux de la vie.

Cerf, Chevreuil, Brocard...
Depuis les temps les plus reculés, sa majesté, sa ramure et sa fertilité ont acquis un pouvoir sans égal sur l’imagination des hommes - Dominique Venner
Le symbole de l’éternel cycle de la vie

Pour passer dans l’Au-delà, en guise de talismant, des rondelles taillées dans les meules de ses bois étaient placées dans des sépultures gallo-romaines, mérovingiennes et carolingiennes dans tout le Nord-Ouest du continent européen.
Pendant un accouchement à cette même période, une peau de cerf posée sur le ventre d’une femme était censée aider au travail de délivrance.
Au Haut Moyen Âge, c'est dans un linceul en peau de cerf que les grands personnages étaient inhumés comme le preux Roland dans la Chanson de Roncevaux ou le pape Clément VI. Ce dernier n'avait-il pas fait peindre la Chambre du cerf au Palais des papes en Avignon. Son tombeau se trouve à l’abbaye de la Chaise-Dieu, église dont la fondation a été déterminée par le saut d’un cerf…
À la Révolution, lors de l’exhumation des rois de France à Saint-Denis et à Saint-Germain-des-Prés, Louis VII fut retrouvé enveloppé dans une peaux de cerf. Des ramures de cerf coiffaientt les morts des tombes du mésolithique aux linceuls des rois de France et des papes. Le rite païen s'est christianisé.
Si les rois ont voulu être inhumés dans une peau de cerf nappant leur dépouille mortelle, c’est qu’elle a la vertu, elle qui vivante ressuscitait chaque année par ses bois, de montrer à l’âme le chemin de la vie éternelle Pierre Moinot
Cerf, Chevreuil, Brocard...
Cerf, Chevreuil, Brocard...

Voici donc l’animal porteur d’une forêt de symboles, tous apparentés au domaine obscur de la force vitale. Et d’abord ses bois, par lesquels la nature fait signe : ces deux perches hérissées d’andouillers, façonnées de perlures, rainures, empaumures aux épois aigus, cette ramure dont le nom, la forme et la couleur semblent sortir des arbres et que chaque année élague comme un bois sec, chaque année les refait pour donner la preuve visible que tout renaît, que tout reprend vie ; par la chute et la repousse de ces os branchus qui croissent avec une rapidité végétale, la nature affirme que sa force intense n’est qu’une perpétuelle résurrection, que tout doit mourir en elle et que pourtant rien ne peut cesser - Pierre Moinot, Anthologie du cerf, 1987

Le chevreuil, le cerf sont des « guideurs d’âmes » qui sont à l'opposé du dieu cornu Satan, comparé au Christ, « le Cerf des cerfs ». Il meurt et il ressuscite. La scène du cerf se désaltérant à la fontaine dans de nombreux tableaux, contes de fée est assimilée au baptisé se délivrant du vice par la purification du baptême. 

Cerf, Chevreuil, Brocard...
Cerf, Chevreuil, Brocard...


Hubert, chasseur invétéré et fils du duc d’Aquitaine, alors qu’il chassait un vendredi saint, vit surgir un grand cerf portant une croix entre ses bois tandis qu’une voix dans le ciel lui ordonna d’abandonner ses vaines passions et de faire pénitence. Jacques de Voragine dans Legenda aurea, vers 1261–1266)

Saint Hubert

La légende de saint Hubert est fêtée le 3 novembre de chaque année, au surlendemain de la fête de la Toussaint. Elle symbolise la liaison éphémère entre le monde des hommes et l’au-delà durant la période de Samain.

La légende de saint Hubert constitue la réécriture chrétienne d’un récit maintes fois attesté dans la littérature médiévale celtique : la rencontre d’un homme et d’un animal fée, une blanche biche, un cerf blanc, métamorphose animale d’une créature venue de l’Autre Monde. La même rencontre se répète pour saint Eustache ou pour saint Meinulphe, en Germanie. Dans la légende christianisée, le cerf convertit le pêcheur à la vraie foi, jouant son rôle d’animal psychopompe, guidant les hommes vers Dieu - Philippe Walter dans son livre Mythologie chrétienne

Photographie © Pierrick Berton

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